D’où vient ce rapport ?
Il s’agit d’une demande qui m’a été faite par le président de la République (en juin dernier, ndlr), qui souhaitait porter cette proposition en marge des négociations de la Cop 21 qui se tiennent en France. Le chef de l’Etat l’avait évoquée lors de ses vœux aux Français début 2015. Pour élaborer ce projet de Déclaration, je me suis entourée d’une équipe assez éclectique composée de spécialistes de droits publics, de représentants d’ONG, d’anciens ministres de l’Environnement. Il s’agit d’un texte court reposant sur quatre principes, six droits et six devoirs (voir ci-dessous). Le Président souhaite maintenant qu’un débat soit engagé sur le sujet dans la société civile, et je vais m’y employer.

Une nouvelle Déclaration est-elle vraiment nécessaire ?
Ce texte traduit une demande très forte de la société civile. Bien sûr, la Déclaration des droits de l’Homme a une importance capitale, l’actualité nous le montre tous les jours, notamment avec l’affaire de la peine de mort en Arabie saoudite. Mais l’humanité aujourd’hui encourt de grands dangers. Le principe consiste à rappeler que la génération présente a le devoir de sauvegarder le patrimoine légué par les générations passées, mais également de faire des choix qui engagent sa responsabilité vis-à-vis des générations futures. François Hollande a voulu réaffirmer le droit « pour tous les habitants de la Terre de vivre dans un monde dont le futur n’est pas compromis par l’irresponsabilité du présent ».

Cette notion de responsabilité entre générations n’existait-elle pas déjà ?
Nous avons fait des recherches dans tous les textes existants. On trouve des bribes de textes sur ce sujet, mais aucun texte global déclarant les droits et les devoirs de l’humanité.

Que va-t-il advenir de votre rapport ?
Le Président choisira les voies diplomatiques qu’il souhaite emprunter le porter. Ce texte n’entrera pas dans les négociations de la Cop 21, qui sont déjà assez compliquées. Mais la Cop 21 est une occasion formidable, avec la présence en France de responsables politiques du monde entier. Ce processus vise à aboutir à une adoption du texte par l’Assemblée générale des Nations unies courant 2016. Comme il s’agit d’une déclaration, et non d’un texte contraignant, il sera plus facile à faire adopter. A très long terme cependant, la Déclaration universelle des droits de l’humanité pourrait permettre d’édicter des textes contraignants pour les Etats.